Projet de thèse en Histoire
Sous la direction de Pierre Karila-Cohen.
Thèses en préparation à Chaussures 7 Cher Mizuno Ultima Pas Wave Noir De Homme Chaussure f05PwxIq8 , dans le cadre de École doctorale Sociétés, temps, territoires (Angers) , en partenariat avec TEMPORA (equipe de recherche) depuis le 04-10-2017 .
Le XIXe siècle constitue un « âge d'or » pour les enquêtes de toutes sortes sur toutes les facettes des réalités politiques, sociales et économiques de ce temps. En France, l’État a ainsi constamment cherché à comprendre la société engendrée par les troubles de la Révolution de 1789 et espéré trouver ainsi les moyens de la stabiliser. Si les villes et les populations ouvrières ont inquiété en priorité le pouvoir, les campagnes et les paysans l'ont également intéressé au plus haut point. La réalisation de la très ample enquête agricole de 1866-1870, lancée par Napoléon III lui-même par un discours devant le Corps Législatif, en est un très bon exemple. Cette investigation est lancée dans un contexte de crise européenne de l’agriculture. Soucieux de ne pas perdre le précieux appui électoral des campagnes, le gouvernement impérial souhaite montrer la cohérence de sa politique économique et cherche à mesurer les effets vertueux de l’ouverture des marchés. Cette enquête, dont l'ambition s'avère démesurée, comprend en effet une multitude d'investigations, que nous pouvons classifier en trois catégories : une enquête dite « impériale », dans laquelle tous les départements de l'Empire français, y compris l'Algérie, sont concernés ; une enquête dite « à l'étranger », menée par les consuls et les chanceliers de légation dans 27 états (l'ensemble des pays européens du Portugal à l’Empire russe et de la Grèce à la Suède, les États ou parties de l’Empire ottoman de la Méditerranée occidentale, les États-Unis, plusieurs États d’Amérique latine) ; et enfin une enquête dite « centrale », où des personnalités françaises et étrangères, réputées pour leur expertise en agronomie, ont été entendues par une Commission supérieure à Paris. Une telle entreprise, de par son étendue géographique, de par son obligation de pénétrer jusqu'aux tréfonds du corps social et de par les nombreux enjeux qu'elle implique, a suscité une mobilisation non-négligeable de l’État ainsi que la contribution d'une pléiade d'acteurs. Au sommet de l'appareil d’État, la petite administration du service de l'agriculture, embryon du futur ministère alors intégrée au ministère de l’Intérieur, se voit chargée d'organiser et de diriger l'enquête. Elle peut compter sur le soutien des administrations du Conseil d’État, du ministère des Finances et de celui des Affaires étrangères. Ce sont toutefois les préfets qui forment incontestablement l'épine dorsale de l'enquête. Ceux-ci s’appuient sur le maillage de l’administration départementale mais aussi sur leur connaissance fine des sociétés locales en enrôlant les notables dans l’enquête au service de l’État : plus d'un millier d’entre eux ont été appelés à « encadrer » l'enquête. Au-delà, des témoignages sont encouragés dans toutes les strates de la société, faisant de cette enquête, comme beaucoup d’autres investigations du même genre, un formidable point de contact entre État et société. Des dizaines de milliers de personnes se sont exprimées durant ces quelques années. Les préfets ont aussi le devoir d'informer et de mobiliser l'opinion, des affiches aux discours officiels. Enfin, ils surveillent tous les protagonistes de l’enquête dans les départements, du président de la commission d'enquête au journaliste d'opposition. Cette mobilisation considérable de l’administration et de la société aboutit à un très précieux tableau général de l'agriculture française et européenne à la fin des années 1860. Ce sont 38 volumes et plus de 20 000 pages de texte qui sont publiés à la fin de l’entreprise, qui reste une référence pendant plusieurs décennies. Au total, l’analyse globale de l’enquête de 1866-1870 pourrait se déployer en trois parties. Une première partie serait consacrée aux raisons – politiques, conjoncturelles, idéologiques, économiques, sociales, culturelles – de son lancement et aux multiples enjeux dans lesquels elle se trouve prise. Une deuxième partie consisterait à reconstituer le plus finement possible les modalités du recueil des informations sur le terrain et de leur traitement à Paris. La troisième partie serait consacrée à l’analyse du contenu des résultats, c'est-à-dire le tableau de l'agriculture française, européenne et même mondiale à la fin des années 1860.